Faiblement perchée à 100m d’altitude, deux cent cinquante mètres de long, soixante-dix mètres de large la colline dessine une forme allongée en léger replat. Constituée d’alluvions fluviatiles et recouverte par des scories et des laves volcaniques, elle se présente en « inversion de relief », résultat du travail de l’érosion sur les matériaux tendres durant le dernier million d’années.
Le plateau s’est formé à partir du volcan important dont le cratère est visible à Montredon sur la commune de Tourbes. Ses éruptions ont alterné des phases d’explosions et des phases d’épanchements. Son activité serait comprise entre 1, 6 et 1, 4 millions d’années, en faisant le plus ancien du secteur. Ces matériaux volcaniques, brèche et basalte extraits sur place vont constituer la plus grande partie de la construction médiévale.
La végétation est celle d’un climat méditerranéen sur sol neutre caractéristique de la garrigue, avec forêt sur la pente nord et aridité sur la partie sommitale.
Quant à la faune, le lieu est très habité, on notera la fréquentation des oiseaux, l’endroit est un arrêt sur la route des migrateurs et un lieu de nidification. L’araignée Uroctèle de Durandi, espèce rare a été repérée sur le site.
Autour, le drainage se fait par le partage des eaux de petits ruisseaux entre le bassin de l’étang de Tourbes et la vallée de l’Hérault d’une part, et le bassin de la Thongue d’autre part.
Véritable position stratégique, contrôlant deux voies dont l’origine remonte à l’Antiquité, cet éperon barré sur lequel est construit le château, est une situation enviable pour implanter un site défensif.
Monument emblématique de la commune, la Tour médiévale domine un vaste panorama.
Le village s’étend à ses pieds. Elle est construite fin XIIème–début XIIIème siècle, à l’emplacement d’une nécropole antérieure, détruite en partie lors de l’édification du bâtiment et de ses fossés et dont un sarcophage de belle facture, utilisé longtemps comme abreuvoir ou banc, se trouve devant l’église.
Très peu d’écrits originaux concernant la Tour de Valros. Elle est mentionnée pour la première fois en 1199, lorsque le vicomte de Béziers, Raymond Roger Trencavel, lègue dans une charte de donation le « podium » ou la «garde» de Valros à Etienne de Servian pour y édifier une « forcia ».
La nécropole a disparu et c’est bien la hauteur géographique et ses alentours que cède le vicomte Raymond Roger à proximité d’une part, du chemin allant de Béziers à Pézenas et d’autre part, de celui qui conduit de Saint-Thibéry à Sainte Marie de Fraïsse. L’importance du caractère culminant du lieu est ainsi soulignée. Suite à cette concession, Etienne de Servian prête hommage et s’engage à entretenir dix chevaliers et leurs montures pour venir en aide, une fois l’an, à son seigneur quand celui-ci le voudra.
C’est le service d’ost, qui donne au suzerain le droit d’albergue, albergam. Le vicomte Raymond Roger, outre la suzeraineté qu’il conserve sur le château et la région retient aussi les droits de justice criminelle justiciam sanguinis. Dans la charte de 1199, le village qui existe quelques centaines de mètres plus bas n’est pas mentionné.
C’est alors que la croisade contre les Albigeois, guerre du nord contre le sud se déchaîne. Béziers est mis à sac le 22 juillet 1209. Le site aurait été abandonné avant la deuxième moitié du XIIIème siècle, ce qui semble dire qu’il a été utilisé à des fins militaires seulement quelques décennies. Les faits liés à la Croisade contre les Albigeois, suivis du rattachement au royaume de France, ont été parmi les causes de ce rapide abandon. Isolé au nord-ouest du village, ce bâtiment n’a pas, non plus, provoqué un peuplement ni un rassemblement de constructions.
Par la suite, au gré des événements, la « forcia » change plusieurs fois de mains, jusqu’à passer entre celles des seigneurs vassaux de l’abbaye de Saint-Pons-de-Thomières ou celles des représentants royaux.
Entre cette braie et les murs, la lice pouvait être défendue par un système de pieux passés à travers la base des murs.
Un pan coupé indique la possibilité d’un accès par un pont à l’emplacement de la passerelle actuelle.
Les parements externes des murs épais sont bâtis en assises régulières de blocs de brèche volcanique taillés sur place. Le remplissage est réalisé à l’aide de basalte. Une seule porte, au sud, était surplombée d’une bretèche en bois dont deux trous de hourds sont encore visibles. Une couronne de lave devait supporter un chemin de ronde et un crénelage. L’espace intérieur était divisé en plusieurs salles dont les bases des cloisons ont été rendues visibles lors de la restauration. Au centre une citerne toujours en eau, grâce à une remontée des eaux par capillarité, à la réception des eaux de pluie des bâtiments l’entourant et à deux rigoles. Elle est voûtée en plein cintre, l’ensemble est maintenant consolidé et sécurisé.
L’édifice a subi des réaménagements au cours des siècles liés au changement d’usage.
Les restes d’un foyer médiéval ont été retrouvés mais sans trace de vie permanente postérieure au XIIIème siècle.
La Tour aurait fait office de refuge et de bergerie. Par la suite, les murs du bâtiment médiéval ont servi de carrière pour les constructions environnantes mais également pour des réemplois sur le site même comme lors de la construction d’un relais du télégraphe de Chappe en 1845. Il s’agit d’un télégraphe à signaux aériens situé à l’angle sud-ouest de l’édifice.
Plus près de nous, elle a servi, toujours en observatoire dans les heures obscures de l’occupation. Et longtemps la citerne a été utilisée comme point d’eau.
Récemment restaurés, la Tour médiévale et le plateau sur lequel elle a été édifiée sont désormais un vaste espace public. Un belvédère sécurisé, permet d’apprécier un magnifique point de vue à 360°.
Les vestiges mis au jour sont ceux d’une fortification ayant une forme carrée, partie d’un ensemble architectural plus complexe.
Le site était devenu dangereux. Usé par le temps, il se dégradait du fait d’une fréquentation en augmentation et parfois moins respectueuse des lieux. Cette sauvegarde de la Tour médiévale s’inscrit dans les projets de sauvetage du patrimoine communal, de valorisation de l’environnement naturel et paysager, du développement touristique, de la promotion des terroirs viticoles et de l’accessibilité au plus grand nombre. Cette restauration est le résultat d’une réflexion commencée il y a plusieurs années.
Les élus, soucieux de transmettre un édifice longtemps resté à l’abandon se sont appuyés sur les études engagées par Michel Dupin, architecte du patrimoine pour sensibiliser à l’originalité du site de La Tour.
Cette réalisation a été préparée par quatre campagnes de fouilles archéologiques, constituant aujourd’hui l’essentiel de la connaissance du lieu, complétée par le travail de recherche effectué pendant le chantier.
A l’occasion de ce projet la Commune de Valros a pu achever la maîtrise du foncier sur le plateau grâce au soutien des propriétaires, dont beaucoup ont fait don de leur terrain.
La Fondation du Patrimoine a choisi d’aider la commune pour récolter des dons en vue de la restauration de la Tour médiévale.
S’il est vrai que la restauration de la forcia de Valros et la mise en accessibilité du plateau ont bénéficié des aides financières de l’Etat, du Conseil Régional, du Conseil Général de l’Hérault, de la Fondation du Patrimoine et de la Mairie de Valros, ce projet a aussi été soutenu par le mécénat populaire, c’est-à-dire par les Valrossiens et les amis de Valros
Le site est labellisé Tourisme-Handicap
Sources
« Valros, un voyage à travers le temps » P. Daudet, MA. Mora, C. Muratet
Etude M. Dupin
Rapport de fouilles D. Paya
Rapport I. Commandré et V. Vassal
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